lundi 17 septembre 2007

Sexe et vieilles casseroles

Une âme occidentale charitable (et avec laquelle je serai charitable en retour, en conservant son identité sous scellés) me suggérait de « trouver une bite » — je cite textuellement). Si seulement on pouvait m’expliquer en quoi cela serait susceptible d’atténuer mon incompressible dégoût actuel pour l’humanité, je remercierais beaucoup. C’est pas comme si le problème avait quoi que ce soit à voir avec des dérèglements hormonaux houellebecquiens, pour commencer — et pour finir.

(NB : Vu partiellement et fréquemment en mode accéléré l’adaptation cinématographique d’Extension du domaine de la lutte. C’est une merde, comme toutes ces adaptations incapables, tels des enfants en souffrance œdipienne, de couper l’ombilic du texte. Un diaporama avec en off une lecture du bouquin, était-ce nécessaire? Pas plus qu’une conversation avec un type qui te parle de sa mère — Quant à l’optimisme final "prends des cours de tango, ça va illuminer ta vie" on se fout ouvertement de ma gueule, là)

Remarque, c’est pas que je tente rien en ce sens, ne serait-ce que parce qu’il y a pas grand-chose d’autre à foutre par ici. Mais même l’idée d’avoir perdu mon temps à draguer une plombe pour rien, ça ne parvient pas à me donner envie de conclure. « Conclure », c’est pas adéquat comme formule, d’ailleurs ; la conclusion ç’aurait été le lendemain matin, contemplant un proc’ alcoolisé qui eût pu être mien pendant quelques heures, bof, non, j’ai préféré retourner me noyer dans la foule des invités. À choisir je me suis plus marrée à draguer un curé de 70 balais, ce qui a fait rire du monde. N’empêche, c’était bien le premier mec à me faire pleurer pour autre chose que des conneries depuis bien longtemps, loués soient les témoins des génocides et Amen.

D’ailleurs, j’en ai ramené un, de mec, chez moi, c’est pas comme si c’était compliqué à trouver. Haha! Tellement ivre que c’est limite si j’ai pas dû le porter jusque dans un lit (pas le mien, donc), et c’est aussi bien. Celui que j’y aurais bien accueilli dans le mien, il est resté au volant, évidemment, jamais rien ne se goupille parfaitement. Un vraiment bousillé comme il faut, genre personnage de Tex Avery qui se sera ramassé un coup de boulet dans les tripes et continue imperturbable à avancer, avec un trou bien net en travers du corps. S’il est mort, c’est secondaire et le spectacle continue. On roulait dans la nuit arushienne, je le contemplais résister à peine à la somnolence au volant, conduire à 5 km/heure et tout allait donc très lentement, sinon la greluche qui babillait à l’arrière et me pourrissait l’ambiance, et j’aurais bien aimé qu’on roule comme ça jusqu’à la fin des temps (sans la perruche), et qu’on oublie pour de bon la justice et les pauvres qui balancent des grenades sur des hommes et des femmes et des enfants dans l’espoir de parvenir, dans le résidu fumant, à récupérer une casserole (je crois que plus jamais je regarderai une casserole de la même manière).

Mais sérieusement, même ça, hein, même ivre j’arrive plus à vraiment le désirer sérieusement, complainte d’esthète, gnagnagna, pathétique.

Bref. Non, tout ça pour dire que l’urgence, c’est pas une bite. Mais merci quand même.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Etre riche parmi les pauvres (qui crèvent), ça coupe la libido ?

Il va être beau, ton retour sur Paname...

JSML a dit…

Non, non, t'y es pas du tout, en même temps mon post n'a pas le mérite d'être clair, je pensais pas à la Tanzanie, et je pensais initialement pas à la libido. Je pensais au Rwanda en 94 ("Et vous, que faisiez-vous, le 6 avril 1994?") et puis quelqu'un a tenté de me faire rire, mais s'est vautré sur sa conclusion (la conclusion étant, curieusement, qu'il urgerait que je trouvasse une bite (sic)), et je ne suis pas convaincue que pour se nettoyer le cortex du récit d'horreur, le meilleur moyen soit de se servir d'une bite comme coton-tige (à dessein, l'image est au niveau de la proposition).

Dans l'absolu sinon, ma libido n'est en rien entamée par la misère économique des autres.

Unknown a dit…

Ne dis pas du mal des cours de tango, mon supérieur hiérarchique de mon premier taf y a trouvé la mère de ses enfants
(ou alors c'était des cours de salsa, la nuance m'échappe, tant que l'espèce se perpétue)

Anonyme a dit…

Une bite ne te serait pas superflue. Mais si son propriétaire à des velléités pour le duel psychologique, la répartie sur fond de patrimoine philosiphico-littéraire pas trop mal digéré et un coté borderline un peu (mais pas trop) autodestructeur, je suis sûr que ça serait mieux.
Pas sûr qu'ils aient ça en magasin dans l'immense colonie expat d'Arusha.
Remarque, y'en avait pas plus à Montorgueil!

Rudy Guyonneau a dit…

Si Georges le dit en plus...

Allez salut, Mzungu LaThune; et bonjour à Franklin

L'âme charitable

Anonyme a dit…

alors, cette fois je vais commencer mes petits tours en europe par dublin. J'y ai une copine et je pense tres serieuesment a lui rendre une visite. Qu'est-ce qu'il faut absolument voir, faire, manger, boire etc? T'as bien aime dublin, non?
Et puis, deux questions sur paris: 1. Est-ce qu'il y en avait jamais des mecs pareils a Montorgueil?
2. Fumer fini a paris ???

Anonyme a dit…

j'ai oublie de signer. Je m'appelle rhodes. merci :)